La COVID-19 a exacerbé les défis chroniques – comme la pauvreté, l’isolement social et les problèmes de santé mentale – auxquels les gens des communautés de Prescott et Russell, d’Ottawa, ainsi que des comtés de Lanark et de Renfrew font face; ces personnes sont déjà marginalisées par des systèmes qui ne tiennent pas compte de leurs besoins ou qui les excluent.
En tant que communauté, nous devons chercher de nouvelles approches novatrices qui empêcheront les personnes les plus vulnérables d’être laissées pour compte et permettront de garder les portes ouvertes en situation difficile.
Depuis février 2020, le groupe de discussion communautaire en réaction à la COVID-19 de Centraide de l’Est de l’Ontario a assumé divers rôles. Ce groupe de plus de 100 représentant·es d’autorités de santé publique, de municipalités, d’agences de services sociaux de première ligne et d’entreprises partenaires avait un objectif commun : aider les gens de la région à mesure que nous affrontons la pandémie. Pour ce faire, les organismes et les secteurs ont collaboré pour trouver rapidement des solutions aux enjeux les plus pressants de la région.
Plus de 28 mois après le début de la pandémie et 26 rencontres, le groupe de discussion communautaire a réfléchi aux recommandations et aux expériences clés qui nous permettent de poursuivre notre travail.
Il s’agit là de notre dernière mise à jour communautaire (pour le moment). À mesure que la situation de crise s’estompe, nous mettons un terme au chapitre de notre réponse; les leaders du secteur des services sociaux et les représentant·es élu·es ont offert leur opinion sur les façons dont le groupe de discussion communautaire a été si important pour notre secteur et nos communautés au cours des deux dernières années.
Marathon
Deirdre Speers, directrice administrative de Service familial et counseling Ottawa, a suggéré un acronyme, RACE (course en anglais), pour décrire le travail du secteur des services sociaux et du groupe de discussion communautaire en réaction à la COVID-19 :
- R pour rapidité du changement – Nous n’avons pas utilisé les fournisseurs de services de première ligne, particulièrement les organismes de services sociaux caritatifs, à la vitesse à laquelle nous nous sommes adaptés au cours des deux dernières années. Dans un secteur morcelé qui manque souvent de ressources et qui se fie aux subventions pour poursuivre ses activités, ce n’est pas une chose facile à faire. La pandémie a exigé des changements créatifs et rapides à nos activités quotidiennes, et nous a poussés à regarder la situation dans son ensemble.
- A pour accès – Les services vitaux, comme le counseling en santé mentale, le soutien en situation de crise, la livraison d’aliments et le soutien des proches aidants, n’avaient pas l’option de fermer leurs portes pendant la pandémie, car les personnes les plus vulnérables de notre région comptent sur eux. Nous avons donc trouvé de nouvelles façons de communiquer avec les gens pour continuer de leur offrir des soins lorsque de nombreux autres aspects de leur vie ont été mis en pause. Counseling on connecte et Seniors Centre Without Walls sont d’excellents exemples des solutions accessibles et novatrices que nous avons mises en œuvre ou renforcées au cours des dernières années.
- C pour connexions – Au début de la pandémie, personne le savait comment réagir, car nous n’avions jamais vu une telle situation auparavant. Nous avons rapidement constaté que nous ne pouvions pas y arriver seuls. Le groupe de discussion communautaire était une plateforme dans le cadre de laquelle les bailleurs de fonds, les services de première ligne, les représentant·es élu·es, les entreprises privées, les avocat·es, les gens aux expériences vécues, ainsi que d’autres personnes qui ont appris des expériences des autres pouvaient résoudre des problèmes ensemble, parler haut et fort, puis agir en tant que groupe. Il était plus efficace de mettre l’accent sur quelque chose qui avantagerait la collectivité plutôt que de travailler en silo.
- E pour équité – Bien que la COVID-19 n’a pas créé d’iniquité, elle a affecté les personnes déjà marginalisées de façon disproportionnée. C’était notamment le cas des Autochtones, des personnes noires et racialisées, des femmes, des travailleurs et travailleuses à faible revenu, les personnes en situation de handicap et les personnes âgées. À mesure que nous avons réévalué notre façon de travailler, nous savions que c’était le moment rêvé d’incorporer un aspect de justice dans ces nouveaux systèmes et d’éliminer des obstacles.
"Nous ne vivons pas tous la situation de la même façon, et nous ne garderons peut-être pas toutes les modifications que nous avons effectuées jusqu’à présent. En regardant vers l’avenir, nous devons maintenant identifier ce qui est avantageux pour les membres de notre communauté et ce que nous pouvons faire pour obtenir les meilleurs résultats."
– adaptation des propos de Deirdre Speers, directrice administrative de Service familial et counseling Ottawa
Meilleures pratiques à l’œuvre
Les leaders du secteur des services sociaux ont fait preuve d’innovation, d’Accessibilité, de collaboration et d’équité au cours des deux dernières années. Dans certains cas, la pandémie nous a permis de trouver de nouvelles façons d’offrir les programmes actuels. Dans d’autres, elle précisait les écarts des nouvelles initiatives.
Voici certaines des collaborations qui sont découlées de la COVID-19 :
- La Coalition pour la santé mentale des Noirs d’Ottawa s’efforce d’offrir une réponse en santé mentale coordonnée, forte et unifiée pour les membres de la communauté africaine, antillaise et noire d’Ottawa. Son travail était encore plus important pendant la pandémie, à un moment où les membres des communautés africaine, antillaise, noire et racialisée étaient affectés de façon disproportionnée – ayant aussi des cas de COVID-19 plus élevés – en raison de l’oppression institutionnelle, le racisme systémique et l’exposition chronique à la discrimination.
L’organisme a collaboré avec son réseau et, avec le soutien du groupe de discussion communautaire, a lancé un portail de counseling communautaire par l’entremise de Counseling on connecte; créé un groupe de mentorat pour les professionnel·les en santé mentale des personnes africaines, antillaises et noires; et une conversation encourageante sur les répercussions que l’occupation a eue sur les communautés racialisées. Ces efforts nous ont aidés à faire renaître la confiance de la communauté africaine, antillaise et noire et à assurer la présence de services adaptés à leurs besoins.
- Le Réseau agroalimentaire de l’Est ontarien est l’épine dorsale du forum d’insécurité alimentaire de Prescott et Russell – groupe qui s’est rencontré pour la première fois en juin Ce groupe de représentant·es de programmes de sécurité alimentaire, d’entreprises, d’agences d’aide alimentaire et de gouvernements s’est rassemblé pour envisager des solutions aux défis qui empêchent un accès équitable aux aliments nutritifs. Ensemble, le forum a adressé l’insécurité alimentaire en amont et contesté comment les services comblent les besoins fondamentaux des personnes les plus vulnérables.
- Le Centre de ressources communautaires d’Ottawa ouest a partagé une mise à jour sur son projet de logements abordables intitulé Hollyer House (maison Hollyer), conçu en partenariat avec le diocèse anglican d’Ottawa, l’église Christ Church Bells Corner et la FAMSAC Food Cupboard. L’immeuble offre des logements supervisés aux femmes et aux familles, un centre de santé et de ressources communautaires, ainsi qu’une banque d’alimentation. Il s’agit là d’un exemple des façons dont les organismes confessionnels peuvent renforcer la capacité du secteur social à un moment où il y a moins de ressources pour combler les besoins croissants.
- L’Initiative pour les enfants et les jeunes a expliqué comment l’engagement virtuel lui a permis de communiquer plus facilement avec les agences pendant la pandémie. Plusieurs jeunes ont pu participer aux programmes virtuels malgré les divers obstacles, comme les maladies ou le manque de services de transport. Le réseau d’agences pour jeunes a également trouvé des façons créatives d’appuyer les jeunes notamment en livrant des trousses de programme, en proposant des défis d’activité physique amusants et offrant des programmes à l’extérieur.
- Le Lanark County Interval House and Community Support a réitéré que la collaboration et le renforcement des réseaux de soutien étaient essentiels pour les communautés rurales au cours des 24 derniers mois. Le Lanark County Interval House and Community Support et le Lanark County Mental Health ont géré le lancement du centre d’isolement temporaire de Smiths Falls et du comté de Lanark. Ce centre offre des ressources essentielles en matière de quarantaine aux personnes itinérantes ou vivant dans un logement précaire.
Récemment, les leaders en prévention de la violence en communauté rurale ont témoigné à l’enquête du coroner sur Anastasia Kuzyk, Nathalie Warmerdam et Carol Culleton dans le but de prévenir la violence sexospécifique en milieu rural. Erin Lee a dit espérer que nous pouvons bâtir – en fonction des leçons apprises – un avenir axé sur la justice.
"Je crois, en tant que leader d’une communauté rurale, que le groupe a fait tout en son possible pour s’assurer que nous [les communautés rurales] sommes inclus. Ce n’est pas pratique commune des centres urbains. Je remercie Centraide et tous les partenaires qui ont siégé à ce forum de leurs efforts et de faciliter notre travail en collaborant et en partageant nos expériences."
– adaptation des propos d’Erin Lee, directrice administrative du Lanark County Interval House and Community Support
Allié·es
L’un des objectifs du groupe de discussion communautaire était d’offrir une plateforme aux fournisseurs de services sociaux qui leur permettrait d’unir leurs efforts et de présenter les problèmes et les occasions aux personnes au pouvoir. Depuis les deux dernières années, le groupe a obtenu la participation de représentant·es élu·es dans l’est de l’Ontario; ils ont appuyé le travail du groupe de discussion, offert des ressources au besoin, et présenté les enjeux aux ordres du gouvernement appropriés de sorte à les adresser par l’entremise de politiques.
L’un de ces représentant·es élu·es était Jeremy Roberts, ancien député provincial de la circonscription Ottawa Ouest-Nepean. Il a fréquemment invité des ministres provinciaux aux rencontres, respecté le thème et éduqué d’autres responsables des politiques à propos de la valeur du secteur. Il a offert des commentaires pour guider nos efforts de défense d’intérêts futurs :
"De nombreuses personnes communiquent avec leur représentant·e élu·e pour des problèmes, des préoccupations et des priorités; ce peut être accablant. La meilleure façon d’entraîner un changement, c’est d’être en mesure de parler lorsqu’un problème est évoqué, d’offrir une solution potentielle et de fournir des données pour appuyer cette solution."
– adaptation des propos de Jeremy Roberts
Prochaine étape
Le secteur des services sociaux ressent aussi les pressions en matière de ressources humaines. Les travailleurs et travailleuses du secteur sans but lucratif quittent en grand nombre et de nombreux organismes sont à bout de souffle à mesure que la demande de services continue d’augmenter. Nous savons que l’épuisement, les minces ressources financières, les emplois contractuels et d’autres pressions affectent grandement la capacité du secteur à offrir des services. Nous savons que les leçons que nous avons apprises au cours des deux dernières années nous aideront à adresser ce défi de front.
Centraide Canada a manifesté son intérêt pour devenir l’un des bailleurs de fonds nationaux du Fonds de relance des services communautaires, un investissement futur du gouvernement du Canada de 400 millions de dollars, pour aider le secteur caritatif et sans but lucratif à s’adapter à la reprise post-pandémique et à moderniser ses services. Cette somme – remise à une date inconnue – jouera un rôle d’importance dans le renforcement du secteur des services sociaux à long terme.
Notre secteur continue de bâtir un avenir plus fort et sain, et de créer un filet de sécurité sociale pour tous les membres de notre communauté. Malgré les défis qui ont été exacerbés par la pandémie, les organismes continuent de trouver des solutions créatives et concertées, car travailler en silo n’est pas une solution.
Centraide de l’Est de l’Ontario – comme avant la pandémie – s’efforce de collaborer, de bâtir des partenariats et d’innover pour combler les besoins les plus pressants et avoir l’effet le plus palpable dans la vie des personnes qui ont besoin de notre aide. Nous avons dû accorder encore plus d’importance à ces principes pour gérer les crises, tant nouvelles qu’aggravées.
Nous avons appris à gérer les répercussions de la pandémie, et nous n’avons – du moins, pour le moment – plus besoin d’un groupe de discussion communautaire en réaction à la COVID-19. Nous souhaitons toutefois vous communiquer ce que nous avons appris pendant le nouveau chapitre de notre travail : repos, reprise et renouvellement sont synonymes d’un avenir post-pandémique plus équitable.